Allégorie maniériste - estimation 4 000/6 000 €

École flamande, seconde moitié du XVIe siècle, entourage de Martin de Vos (1502-1603). Allégorie des trois vertus théologales ou L’Amour entre l’Espérance et la Foi, huile sur panneau de chêne, 62,5 x 77,3 cm.
Estimation : 4 000/6 000 €.
Vendredi 20 mars, salle 4 - Drouot-Richelieu.

En cadrage serré, cinq figures occupent tout l’espace. Au centre, une blonde et mélancolique jeune femme porte un enfant nu, un autre bambin vêtu d’une tunique verte s’appuyant contre sa jambe ; à gauche, un ange tient une ancre et, à droite, une autre femme tient d’une main un livre et de l’autre une palme. Il pourrait s’agir d’une Vierge à l’Enfant avec Jean-Baptiste, accompagnée d’une sainte ou du portrait de la donatrice de ce tableau. L’ancre donne la piste à suivre : les vertus théologales, c’est-à-dire l’Espérance, l’Amour et la Foi. Elles apparaissent dans la première épître de Paul aux Corinthiens : «Maintenant donc, ces trois-là demeurent, la foi (pistis), l’espérance (helpis) et l’amour (ou charité, agapè) mais l’amour est le plus grand.» Associées aux vertus cardinales (la force ou le courage, la prudence, la justice et la tempérance), considérées comme des vertus humaines naturelles, les théologales sont des qualités surnaturelles qui proviennent directement de Dieu. Les peintres italiens de la Renaissance mirent ce sujet à la mode du temps, repris par les Flamands ayant effectué le voyage en Italie. C’est le cas de Martin de Vos, issu d’une famille de peintres d’Anvers et élève de Frans Floris, qui avait été séduit par le maniérisme de la péninsule. C’est peut-être sur ses conseils que le jeune Martin part en 1552 pour Florence, Rome et, surtout, Venise, où il travailla dans l’atelier du Tintoret. Peintre de paysages et de portraits, il se rendit célèbre pour ses compositions mythologiques et religieuses. Sa palette aux harmonies délicates – souvenir vénitien – humanise le grand style hérité de Floris. De Vos devient rapidement le peintre le plus recherché d’Anvers, chargé par exemple d’ordonner la Joyeuse Entrée de l’archiduc Ernest d’Autriche dans la ville. Son atelier était florissant et répondait aux commandes de riches bourgeois et des églises de la cité. La variété des attitudes, la richesse des coloris, bref, la leçon maniériste italienne bien comprise, que De Vos et ses assistants ont mise au point, ne sera pas oubliée par Rubens.    A. F.
VENDREDI 13 MARS 2015 LA GAZETTE DROUOT