Camoin au naturel

Jeudi 14 juin, salle 12 - Drouot-Richelieu Charles Camoin (1879-1965), Jardin à Grenade, 1907, huile sur toile, 46,5 x 60 cm. Estimation : 20 000/30 000 euros. Formé aux Beaux-Arts avec Matisse, Rouault et Marquet, Charles Camoin fait bientôt la connaissance, à Aix par l’intermédiaire du marchand Vollard, de Paul Cézanne. Celui-ci le reçoit avec sympathie. “J’ai peu de choses à vous dire, on parle plus en effet de peinture et peut-être mieux en étant sur le motif qu’en devisant de théories purement spéculatives et dans lesquelles on s’égare souvent”, lui écrit ce dernier. Camoin se souviendra de la leçon, qui fut l’un des premiers à fréquenter régulièrement les paysages méditerranéens. En 1904, il est aux Martigues et à Naples, en 1905 et 1906 en Corse, à Collioure et à Tanger, en 1912-1913, il se rend avec Marquet et Matisse au Maroc. Durant l’été 1907, Camoin visite Madrid, Séville, Grenade et Barcelone et en rapporte de nombreux paysages, dont une grande partie est exposée chez Daniel Kahnweiler. Dans notre peinture, très probablement réalisée dans le parc Maria Luisa à Grenade, l’artiste applique sa palette fauve à la représentation d’une végétation luxuriante. En 1912, dans son compte rendu du Salon d’automne, Guillaume Apollinaire, à qui notre toile a appartenu, témoigne de son admiration pour les paysages forts et sincères de cet artiste. Un écho à Cézanne qui, en février 1902, avait écrit à son confrère : “D’après ce que j’ai pu voir de vous, vous marcherez rapidement.” Nous voilà rassurés – s’il en eut été besoin... LA GAZETTE DE L’HÔTEL DROUOT – 8 JUIN 2012 – N° 23