Collection Anne-Marie et Jean EPPLE


Certains sont cinéphiles, bibliophiles ou colombophiles. Anne-Marie Moussu-Epple était pidolâtre. Elle vouait au faïencier Gervais Protais Pidoux en particulier, ce « peintre aux semelles de vent », une admiration sans bornes, le poursuivait sans relâche, à travers les archives, dans les ventes et chez les antiquaires, et tout particulièrement Christophe Perlès. Je me souviens encore de nos interminables conversations téléphoniques, de ses interrogations, de ses doutes, de ses emportements, de sa passion flamboyante…

Elle a ainsi formé une collection exceptionnelle des plus belles réalisations de Pidoux à Meillonnas, mais aussi de faïences d’Aprey, les deux manufactures où il a apporté la technique du réverbère qu’il maîtrisait comme personne. Son époux Jean Epple l’accompagnait toujours, et la suivait partout comme son ombre, avec une fidélité complice, non dénuée d’un certain amusement.

Après le décès d’Anne-Marie, je ne l’ai jamais entendu se plaindre, et il a continué avec la même fidélité d’augmenter régulièrement la collection, non seulement de faïences de Meillonnas et d’Aprey, mais également de belles pièces de Nevers XVIIe qu’il affectionnait tout particulièrement, et d’autres porcelaines sélectionnées avec un goût sûr. S’il me demandait souvent mon avis sur ses découvertes, il ne manquait jamais de m’informer de ses nouvelles acquisitions et de me les montrer. Après le décès d’Anne-Marie, il m’a demandé de l’aider à publier ses toutes dernières recherches sur Pidoux, et je garde un souvenir ému de ma visite dans la jolie maison de Poulangy, dans la Haute-Marne, d’où elle était originaire, non loin d’Aprey, et où il aimait à se reposer.

Il est temps maintenant pour ces objets tant aimés d’aller faire la joie d’autres amateurs : là est la destinée de la plupart des collections, et c’est bien ainsi. Souhaitons-leur seulement de trouver des amateurs aussi passionnés et aussi sympathiques.

Jean Rosen, directeur de recherche émérite CNRS, Dijon