COCTEAU (Jean)

Réquisitoire pour les"Parents Terribles"1938. Manuscrit autographe de 5 pages in-4. Violent texte de premier jet où Cocteau laisse éclater sa colère, contre le Conseil Municipal de Paris."Je me serais simplement révolté contre la décision du conseil municipal si cette décision ne servait pas de prélude à une immondice [Le 15 Janvier 1939 on lui retirait le bail du Théâtre des Ambassadeurs où se jouait la pièce]. Ma pièce est haute, pure, sans l'ombre d'une équivoque. Il faut avoir des âmes de boue pour que la moindre violence de tendresse qui les remuent en fasse sortir des bulles puantes. Or au lieu de me remercier ou m'aider on me couvre d'immondices et on me chasse. Oserai-je demander à Mr Jean Lay ce qu'il en pense ! Ne m'a-t-il pas dit que ma pièce était une grande oeuvre classique ? Il n'est pas de ceux qui se rétractent. J'accuse... Si ma pièce était Adam, jouée chez Henry Bernstein, je me défendrais avec la même fougue, mais ici nous sommes en face de l'hypocrisie et du mensonge, en face des manoeuvres et des combines. Ce n'est pas beau. Ces messieurs du Conseil municipal viennent de se couvrir de honte et de ridicule. Je fais appel à tous mes collègues, à tout le public qui acclame chaque soir mes artistes, à toute la jeunesse. Il est infâme de voir de l'inceste dans les rapports exquis et simples d'un fils et d'une mère qui s'aiment. Sans doute ces messieurs sont-ils habitués à des familles qui se haïssent et s'entredévorent. Les leurs sans doute. Après une coïncidence du destin, le père s'efface, se tait, et refuse de jetter (sic) une ombre sur le bonheur de son fils. Je ne rappellerai pas les spectacles abjects que ces messieurs autorisent et encouragent partout. Ce serait une arme trop facile. Je demande une sanction. Je demande qu'on livre ces pornographes au dégoût populaire. Je demande justice. Que mes collègues répondent et se montrent. Je sais, par les mille lettres reçues chaque jour ce qu'ils pensent et je ne me permettrais pas d'user d'un seul d