ALEXANDRE II.

Lettre autographe. [Saint-Pétersbourg]. Jeudi 16/28 Janvier 1869, à midi [N° 17], à Catherine Dolgorouki ; 6 pages in-8 sur papier à son chiffre couronné. " Ta chère lettre ce matin m'est parvenu avant 11 h, mais ce n'est que maintenant que je trouve la possibilité de reprendre ma causerie, avec mon adorable petite femme... après la triste journée d'hier, où nous avons été privés du bonheur de nous voir, nous éprouverons une rage terrible de nous retrouver dans nos bras ce soir, mais nous tâcherons vraiment de rester sages, pour ne pas avoir des figures pas trop impossibles à ce bal, dont nous nous réjouissons comme des enfants, pour nous admirer et nous exprimer par nos regards le culte sacré que nous nous portons réciproquement et dont nous sommes également heureux et fier... notre vie c'est nous... Hélas ! Je dois te quitter pour aller déjeuner et me remettre ensuite à mon ennuyeuse besogne et à 2 h 1/2, j'espère avoir la chance de te rencontrer [lors de la promenade]. À 4 h 1/4 après-midi :Je suis tout heureux de nos rencontres, à 4 reprises et je sens que nous avons éprouvé la même rage de nous jetter dans nos bras et continuer notre promenade ensemble. Ô mon Dieu accordez nous la possibilité de pouvoir le faire un jour en réalité. Je ne sais pas ce que tu as de nouveau [fait] avec moi, mais cela déborde en moi. J'ai encore marché après au jardin... Je reviens de l'école d'artillerie et veux me reposer jusqu'au dîner avec le P[rince souverain] de Montenegro et plusieurs autres ennuyeuses personnes. J'espère que cela ne m'empêche pas de me retrouver auprès de toi avant 8 h. À 10 h 3/4 du soir : Avant de m'habiller pour le bal je veux encore te dire, chère dysia de mon âme, que j'ai gardé une délicieuse impression de notre bonne soirée, où j'ai de nouveau eu le bonheur de voir un de mes rêves accompli, c.a.d. de t'entendre jouer du piano. Tu as vu... toi-même combien j'en ai joui, malgré tes simagrées et tes petits caprices qui tiennent au caractère de mon vilai