PROUST (Marcel).

Lettre autographe, signée à son " Cher Clément " [1918] ; 8 pp. in-8. Belle lettre où Proust parle de ses " protégés ". Il évoque la santé du père de Clément. " J'espère de tout coeur que ce robuste chêne de Savoie qu'est le comte de Maugny résistera à ce coup... Il y a longtemps que j'ai comparé la guerre à ces états organiques comme le diabète et ou l'albuminisme et qui aggrave tout... Quand j'ai reçu ta lettre j'avais la visite d'un jeune Henry qui est le neveu de Me de Ludre. Je lui ai parlé de toi mais il ne te connaît pas. Il est charmant, d'une extrême intelligence et d'une bravoure égale à son intelligence qui fait hélas trembler pour lui. C'était la 1ère fois que je le voyais. Je n'ai pas besoin de te dire qu'il n'a aucun rapport avec le brave garçon, mais tout à fait populaire, dont je te parlais. On me l'a beaucoup recommandé mais il est un peu brute, violent et aussi anti-pierre de Chevilly que possible. Aussi si tu pouvais le recommander à q.qun de son régiment (164° d'Infanterie), il faudrait que ce ne fût pas à un Pierre de Chevilly, car cela amènerait mille ennuis, dont j'aurais indirectement le contrecoup. C'est comme je te le dis quelqu'un qui est tout à fait du peuple mais n'est pas moins intéressant pour cela à mon avis, au contraire. Il fait partie d'un certain nombre de soldats à qui j'envoie chaque semaine du tabac, des gâteaux, du chocolat. Ce n'est pas naturellement pour qu'on lui donne quoi que ce soit que je te le recommande, si tu connais son colonel (du 164° d'Infanterie), mais pour qu'il puisse qq.fois aller voir ses parents malades dans la banlieue de Paris (je ne sais exactement où ils demeurent) si cela (qui n'est possible qu'avec une permission d'au moins 48 heures) et compatibles avec les exigences du service et de son instruction. Je suis sûr que même (au cas où les règlements s'opposeraient aux permissions de 48 h), si le Colonel le faisait simplement appeler une fois, ou son Capitaine, une bonne parole le réconforterait beaucou