PROUST (Marcel).

Lettre autographe, signée " Marcel " à son " Cher Clément " 102 (et non 104) Bd Haussmann ; 11 pages in-8. Relatives à des questions d'argent de Clément de Maugny, où Proust se révèle un étonnant conseiller financier. " Du reste autrefois même je ne vois guère que Charles Ephrussi à qui j'aurais pu en parler, or tu sais qu'il est mort ". Il lui parle des emprunts qu'il a faits pour un ami : " Les prêteurs que j'ai trouvés pour mon ami ont été un ancien valet de chambre et une femme de chambre. Grâce à eux j'ai réuni pour mon ami 2000 frs. Or il se trouve qu'à cause de la guerre, la succession n'est pas liquidée les gens qui pourtant touchent des intérêts fous, veulent rentrer dans leur argent. Mon ami ne peut pas les payer et moi encore moins puisque tu sais que je n'ai pas payé un loyer depuis le début de la guerre, ni pu même faire une absence si indispensable à ma santé. Il est vrai que les jours où je sors je dépense hélas beaucoup trop. Mais je ne sais pas faire autrement, je ne l'apprendrai pas à mon âge et si près de ma fin. D'ailleurs ma santé y est pour qq. chose car je ne peux sortir qu'en voiture. J'ai tenu à te télégraphier et t'écrire immédiatement pour que tu ne te fasses pas sur moi des espérances que je ne pourrais réaliser, ne connaissant personne qui puisse nous servir. Et si je l'avais connu, peut-être l'eussé-je fait l'an dernier pour moi - même pour quitter Paris qq. semaines. Tu me dis gentiment que tu pourrais me voir à ton passage à Paris, je n'ose te demander de le faire, je suis très souffrant, j'ai follement à travailler, et pour des raisons trop longues à t'expliquer, je suis forcé à des sorties relativement fréquentes, dangereuses pour ma santé (quoique des plus innocentes) après lesquelles je suis quasi mort ". Il le rassure ensuite en lui parlant de sa solde militaire " et comme avec ce que tu dois avoir, tu as aussi ta solde et que comme mobilisé on ne peut te forcer à payer, du moins si tu ne trouvais pas à emprunter, tu serais pour