PROUST (Marcel).

Lettre autographe, signée " Marcel " à son " bien Cher Clément " ; 12 pages in-8. Relative à l'emploi de Clément de Maugny à la Société des Nations. " Je reçois à l'instant ta lettre qui me bouleverse littéralement de chagrin. Que ne donnerais-je pas pour que les soucis que j'ai moi-même te fussent épargnés. Mais cela c'est simplement la douloureuse parole qui m'arrache ta lettre. Et ce sont des actes qui sont nécessaires... Dès maintenant je ne veux pas te leurrer d'illusions. Je crains que la Société des Nations n'en soit une (j'entends une place à la Société des Nations). Je vais m'en occuper néanmoins "... Il lui cite alors le cas d'un jeune homme de sa connaissance dans le même cas et dont les démarches sont restées infructueuses. " Or ce jeune homme que je ne te nommerai pas (sauf autorisation de sa part) est d'une intelligence et d'une nature tout à fait remarquables. De plus il a dans le monde les plus brillantes relations. Malgré cela il n'a pas abouti, ou du moins n'avait pas abouti quand je l'ai vu pour la dernière fois il y a longtemps de cela car ma santé allant toujours s'aggravant je ne quitte plus mon lit que bien rarement, à peine une fois par mois. Encore cet été je suis resté sept mois sans me lever. Ce qui ajoute encore à la tristesse que me cause ta lettre est que tu n'ais pas reçu la mienne qui aurait peut-être pu t'être utile ". Il lui raconte ensuite ses démarches au Ministère des Affaires Etrangères où il avait un ami " il y est toujours mais tu sais combien les répercussions de la politique modifie la situation des individus, et je ne sais pas s'il a l'influence qu'il avait alors... Il était prêt à prendre l'affaire en mains ". Il évoque le ministre de Roumanie " je le connais à peine je l'ai vu il y a beaucoup d'années, je l'ai trouvé très froid et je doute qu'il ait beaucoup de sympathie pour moi. Il se nomme Doeschner ". Il s'inquiète que Clément n'ait pas reçu sa lettre. " Il reste un mystère. Comment n'as-tu pas eu ma lettre. J'écris