PROUST (Marcel).

Lettre autographe, signée à son " Cher Clément " ; 7 pages in-8. Il est " encore plus humilié de te donner la raison de mon silence " car il n'avait reçu aucune lettre de son fère " qui est un frère excessivement tendre mais excessivement silencieux de sorte qu'il m'a écrit quatre ou cinq fois depuis le début de la guerre. Je n'ai pu t'indiquer son adresse... car je l'ignore absolument. Je sais seulement son adresse militaire qui n'indique aucun lieu de résidence et qui fait suivre de Paris où est l'adresse générale des ambulances automobiles. En tout car j'espère que si tu vois mon frère tu ne lui tiendras pas rigueur' de mon silence et iras à lui. Comme chaque fois qu'il est venu me voir en permission depuis le début de la guerre, nous avons à chaque fois parlé de toi, tu comprends que ton nom lui dira non seulement parce qu'il sait de notre affection, mais par tout ce que je lui ai raconté de ta belle conduite. Il n'est pas venu depuis ta lettre... Je crois qu'il exagère encore son mutisme épistolaire (qui tient à la fois à sa paresse naturelle et à un labeur excessif) pour ne pas fatiguer ma vue qu'il sait malade et pas soignée, en me forçant à lire et à croire. Je sais que Madame de Maugny que je meurs d'envie de connaître est une infirmière de 1er Ordre. Mais cela ne peut abolir la bien naturelle et élémentaire coquetterie qui m'empêche de la laisser pénétrer dans une chambre dont tu connais mieux que personne les hideurs. Tout être du sexe féminin, surtout quand je le sais doué d'un charme et d'un esprit infinis et que lui donner une trop mauvaise opinion de moi me serait cruel. Ce n'est donc pas (un) désir insuffisant mais excessif de la connaître, qui m'a inspiré la pudeur, la crainte excessive, de la laisser monter. Dis-lui je te prie, fais lui agréer ce sentiment comme le plus respectueux des hommages ". Il lui demande, par une simple carte de lui dire s'il a reçu sa lettre car il n'y avait pas son adresse sur les autres. " J'ai donc cherché dans le foui