PROUST (Marcel).

Lettre en partie de la main de Céleste (3 pages) et autographe, signée " Marcel " (6 pages) à son " Cher Clément " ; 9 pages in-8. Malade il dicte le début de sa lettre à Céleste pour la reprendre ensuite. " Comme les tuiles ne tombent jamais l'une sans l'autre, j'ai pris... un médicament dont je savais pas qu'il ne pouvait être pris que très délayé. Aussi j'ai été pris tout de suite de souffrances affreuses, s'évanouir de douleur. On a voulu les jours suivant me plâtrer l'estomac puis on y a renoncé, mais j'ai eu plusieurs semaines de forte fièvre, avec une grande difficulté de me tourner dans mon lit. Inutile de te dire que j'ai dû interrompre les envois à peine commencés de mon livre... Mon Cher Clément ici je prends la plume et cesse ma dictée, car cette fiction de " ton protégé " que j'avais adoptée auprès de ma femme de chambre (pour ne pas dire qu'il s'agissait de toi) rend la rédaction trop difficile ". Il parle alors de son futur emploi " Pour parer au plus pressé je t'envoie un mandat de 400 francs... Ecris à Mathieu de Noailles dont la femme connaît plus ou mois les dirigeants de la Société des Nations et qui a un grand prestige pour eux. Pour les Mathieu de Noailles toi c'est moi, une lutte de toi bénéficiera donc des bons sentiments qu'ils peuvent avoir pour moi... à toutes les raisons... s'en ajoute une autre, c'est que moi qui d'habitude n'envoie pas mes livres (je ne sais pourquoi car je l'admire infiniment) à Madame de Noailles, je lui ai envoyé le dernier la veille de mon accident. Si c'est moi qui lui écris pour toi elle croira peut-être que c'est pour cela l'envoi de mon livre. Puis il le conseille financièrement : " Quant à continuer à attendre que les changes se modifient ce serait fou, ... s'ils se relèvent tant mieux. Car sans cela tu vendras une à une toutes tes valeurs à vil prix, tu mangeras tout ton blé en herbe. Je te demande pardon de te parler aussi franchement, mais je vois si bien par moi-même les terribles difficultés de la vie act